En à peine deux ans, le secteur Tourisme en général et celui de l’Hospitalité en particulier est passé du statut de secteur en détresse, à sauver de l’effondrement, à celui de priorité nationale, vecteur dynamique du développement économique, pour finir depuis quelques jours à celui de vache à lait pour alimenter les caisses vides de la transition écologique.
Les entrepreneurs doivent avoir les nerfs solides pour sortir d’une situation de quasi-assistés, bénéficiant du soutien infaillible d’un ministère des Finances qui a perçu leur importance, et finir dans celle de citron juteux à presser sans vergogne puisqu’ils ont (auraient) retrouvé la forme.
Les autorités françaises ont le chic pour saper le moral et couper les ailes de leurs champions. La convention signée entre le gouvernement et certaines régions autorise ces dernières à alourdir la taxe de séjour d’un montant additionnel pour financer les mobilités écologiques. La Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et PACA se sont déjà engouffrées dans la brèche et la région Ile-de-France ne va pas s’en priver, estimant sans doute que la venue des touristes internationaux ne sera pas affectée par quelques euros de plus sur la facture hôtelière.
Il n’y a pas si longtemps, la ministre en charge du Tourisme, Olivia Grégoire, vantait la résistance, encore plus méritoire que la résilience, des entreprises du tourisme. En faisant le gros dos pendant la crise et s’activant en sortie de confinement, elles ont permis, permettent encore, à la France de tenir son rang de leader mondial.
C’est à croire qu’il ne faut surtout pas être qualifié de secteur exemplaire au risque de devenir la cible de ceux qui cherchent à combler le trou du « quoi qu’il en coûte » et à financer toutes les transitions engagées.
La Maire de Paris en rajoute une couche en annonçant qu’elle compte taxer encore davantage les établissements haut de gamme, fleuron de l’hôtellerie parisienne. Les chiffres sont pourtant là pour rétablir quelques vérités évidentes. Si le chiffre d’affaires de l’hôtellerie se porte globalement bien, c’est grâce ou à cause d’un rattrapage des prix, accepté pour l’instant par la clientèle. Mais les taux de fréquentation ne suivent pas avec le même élan, à Paris notamment, et la saison estivale a montré que toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne.
L’arbre d’une Coupe du monde de Rugby, qui a évidemment des effets positifs sur la fréquentation parisienne et de certaines grandes métropoles, et le miroir aux alouettes des JOP 2024 masquent une situation plus fragile qu’il y paraît et surtout une concurrence plus exacerbée de nos voisins.
Une taxe supplémentaire sur les aéroports et une augmentation significative de la taxe de séjour seraient indolores pour les visiteurs internationaux et la clientèle domestique ? La vache tourisme n’a pas le pie intarissable. Les visiteurs sont aujourd’hui plus que jamais dans le contexte inflationniste des arbitres de leur budget.
Ce qui partira en taxe n’ira pas dans les retombées économiques locales, ni dans les caisses de l’État via la TVA. Les calculs des apothicaires de Bercy ou d’ailleurs, ne sont pas pertinents et finiront par provoquer un véritable rejet de la destination France.
Il ne faudrait pas que ces mesures conjoncturelles, prises un peu vite, viennent affaiblir sérieusement l’attractivité de la France, une fois dissipées les vapeurs enivrantes des grands événements sportifs. Le réveil dès septembre 2024 pourrait être douloureux.
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